Hypocrisie et injustice : l’avenir des étudiant.e.s en santé au bout d’un coton-tige
Le 30 novembre dernier, une note de la DGESIP a été envoyée aux universités accueillant des PASS, L.AS, et PACES. Elle stipule qu’au vu de la situation sanitaire, les étudiant.e.s en première année d’études de santé atteint.e.s de la COVID ou cas contact ne pourront se présenter aux épreuves. Le gouvernement leur propose de “bénéficier” de l’annulation pure et simple de leur année, pour repasser le concours ou leurs examens l’année suivante. Par souci d’équité, il n’est en effet pas possible d’organiser des deuxièmes sessions pour celles et ceux touché.e.s par l’épidémie, contrairement à d’autres filières non sélectives.
Cette décision est lourde de conséquences. Les étudiant.e.s se retrouvent alors face à un choix cornélien : aller composer à leur examen en prenant le risque de contaminer leurs camarades et de potentiellement créer un cluster, ou alors respecter cette mesure et perdre totalement une année universitaire déjà commencée.
Les associations étudiantes en santé avaient déjà insisté lors de nombreux rendez-vous ministériels sur le non-sens de cette décision, tentant de les en dissuader, en vain.
Outre l’ineptie de cette mesure, il est inadmissible que les pouvoirs publics et certaines universités la cachent sciemment aux étudiant.e.s, à quelques jours seulement des épreuves, si cruciales pour leur avenir. Leur justification démontre la profonde méconnaissance de la difficulté de cette première année, tant physiquement que psychologiquement ; difficulté largement exacerbée par le fiasco que constitue la réforme de l’entrée dans les études de santé, et par le nouveau confinement entraînant solitude, isolement et mal-être.
Les fédérations étudiantes représentatives des filières de médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie et masso-kinésithérapie, à qui on a demandé de communiquer la nouvelle aux étudiant.e.s, ne prendront pas la responsabilité d’une telle mesure à la place de celles et ceux qui ne tiennent pas compte des revendications, des problématiques multiples et de la santé mentale des étudiant.e.s.
Cette situation vient exacerber les problématiques propres à cette première année, déjà soulignées durant la campagne “Mes Études, Votre Santé” menée depuis un mois. Cette dernière a dénoncé le manque de communication autour des modalités d’examens, le flou dans lequel des milliers d’étudiant.e.s étaient plongé.e.s, ainsi que la détresse psychologique touchant les étudiant.e.s en santé. Malgré toutes ces alertes, les instances compétentes ont une fois de plus récompensé les étudiant.e.s par leur inaction, en les laissant dans cette même incertitude anxiogène.
Il aurait été bien plus juste de mettre en place des mesures sanitaires strictes permettant à chaque étudiant.e de composer dans les mêmes conditions en toute sécurité, à l’instar des concours PACES de juin 2020.
Ce dilemme est un stress supplémentaire pour des étudiant.e.s déjà en souffrance. Par ce communiqué, nous dénonçons cette décision unilatérale, arbitraire et aberrante, et tenons à transmettre notre soutien le plus total aux étudiant.e.s en PASS, LAS et PACES.
Nous prenons depuis toujours nos responsabilités envers les étudiant.e.s que nous représentons, aux pouvoirs publics de prendre les leurs.
Fédérations signataires : ANEPF, ANESF, ANEMF, UNECD, FNEK, FAGE